Le théâtre au lycée

Nous avons, en ce moment, à notre répertoire Le Visiteur de Eric-Emmanuel SCHMITT. Cette pièce, d'après les "Classiques & Contemporains" Magnard, est recommandée pour les classes de seconde (enseignement général) première (toutes séries) et terminale littéraire.

Nous pensons que c'est un peu tôt pour les classes de seconde, du niveau des classes de première à condition que l'argument leur soit longuement commenté, tout à fait approprié pour les classes de terminale.

Nous avons donc demandé aux établissements ayant en charge la formation de cette population de la présenter devant leurs élèves.

Nos conditions sont les suivantes : que le lycée compense nos frais fixes à savoir la location du véhicule pour le transport des éléments de décor, le défraiement des personnels et le règlement des droits d'auteur ; nous ne prenons aucune marge lorsqu'il s'agit de jouer en milieu scolaire.

Nous procédons toujours de la même façon : nous adressons une documentation sur l’œuvre présentée et demandons un rendez-vous afin de rencontrer les organisateurs et de définir avec eux les modalités d'application.

 

1. Un lycée d'Alès, ne voulant pas nous recevoir, nous demandera les modalités d'application par courriel et, une fois envoyées, même après relance un mois plus tard, ne donnera plus signe de vie.

2. Un lycée d'Orange de donnera jamais suite.

3. Un lycée du centre ville de Nîmes après relance un mois plus tard prétendra n'avoir jamais reçu notre courrier, pourtant déposé directement à l'accueil. Il nous demandera d'effectuer une nouvelle demande par courriel. Il accusera réception de ce courriel, le fera passer au "coordinateur en français du lycée" et nous enverra cette réponse laconique quatre jours plus tard : ça nous intéresse pas.

4. Un lycée de la périphérie regrettera que notre demande - adressée début Juin - arrive trop tard, le budget de l'année suivante étant déjà bouclé. Une même demande, adressée dès fin Avril l'année suivante ne rencontrera pas plus de succès mais sera accompagnée d'une réponse étayée.

Le lycée dispense les enseignements artistiques et notamment l'enseignement du théâtre. Dans ce contexte, l'équipe enseignante travaille avec les élèves sur la préparation de nombreuses pièces qui donnent lieu chaque année à des représentations en interne. A cela s'ajoute la participation à deux projets inter lycées au niveau académique qui font l'objet de représentations sur Nîmes, Montpellier et au lycée. Je vous remercie de votre proposition mais ne puis, au vu de ce programme conséquent réalisé en interne, y donner une suite favorable.

Le programme est louable et mérite d'être encouragé mais ne remplace en rien une représentation réelle donnée par des comédiens aguerris.

5. L'Institut Emmanuel d'Alzon - lycée privé sur Nîmes -  nous reçoit très rapidement. Après avoir exposé notre projet pendant cinq minutes, le directeur nous propose, selon une date à définir, de jouer le matin à 10h pour les premières et l'après-midi à 15h pour les terminales... Nous nous produirons devant 800 élèves.

C'était un éventail des refus et de la seule réponse positive que nous avons eus.

 

Cette situation pose de nombreuses questions. Entre autres les suivantes.

D'abord entre le public et le privé. Seul le privé serait respectueux du travail d'une compagnie théâtrale ? Seul le privé serait spontané ? Seul le privé aurait conscience de l'importance du théâtre ?

Le public a-t-il, à ce point, le nez dans le guidon qu'il lui est impossible de réagir à une information non programmée ?

Alors que de nombreux spectacles sont proposés aux jeunes publics - niveau de l'enseignement primaire - plus rien ne serait entrepris pour assurer une continuité dans le secondaire ? Et si le lycée ne le fait pas, qui le fera ?

 

Il ne faut pas compter sur la programmation des théâtres municipaux plus souvent occupés à promouvoir un théâtre de laboratoire qu'un théâtre de répertoire. A Nîmes par exemple, pour cette saison 2014-2015, aucune pièce ne s'adresse aux scolaires. Aucun classique. Pour ce qui concerne le Gard, les élèves d'Alès sont plus chanceux avec le Cratère, trois spectacles leurs sont destinés pendant la même période : Tartuffe, La tempête, La place royale (même si cette dernière n'est pas représentative de l’œuvre de Corneille).

Ne pas compter non plus sur la télévision. Chaque semaine, on cherche désespérément une représentation même programmée vers 23 h ! On a beaucoup glosé, en son temps, sur une émission comme "Au théâtre ce soir" mais au moins y avait-il une présence du théâtre.

Cette observation concerne les chaînes généralistes mais également une chaîne spécialisée comme Arte ; par ailleurs, il ne peut être tenu compte d'une chaîne comme la chaîne "théâtres", celle-ci ayant encore une diffusion trop confidentielle, problème révélateur en soi.

Et quand vous voyez dans une salle le seul public de la maturité assis dans les fauteuils, vous constatez qu'un pan entier de la population est ignoré ou ignore. L'opéra est mieux considéré, même si les diffusions sont tardives ! Même le ballet ! A quand une diffusion des Perses à 20h 30 comme ce fameux 31 Octobre 1961 sur la RTF en simultané avec France IV pour assurer une stéréophonie ?

 

Et puis, pourquoi pas une compagnie qui serait rattachée à une académie et qui sillonnerait ce territoire avec des spectacles montés spécialement pour les lycéens. Des spectacles dont la durée serait ramenée à 1h 30 maximum, le temps de concentration de cet âge. Oui, il serait fait des coupures. Oui, la pièce ne serait pas jouée dans son intégralité(1). Mais un tel procédé aurait le mérite de ne pas lasser voire dégoûter les jeunes spectateurs. Leur apprendrait les fondamentaux. Et leur donnerait l'envie d'aller assister à l'original plus tard.

 

Réveillez-vous à l’Éducation Nationale ! Le théâtre se meurt, vive le théâtre !

 


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1. Pour ma part, j'ai ramené Britannicus - à l'usage des scolaires - de 1768 à 1466 vers et ça fonctionne très bien.

 

 

 

 

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Uzès : Théâtre de l’Évêché

 Nous avons connu, ce jour-là, une journée exceptionnelle. A tous points de vue.

 

Il n'avait pas arrêté de pleuvoir les trois jours précédents. Les averses cessèrent vers midi.

A 14h, faisant confiance aux prévisions qui affirmaient que le beau temps allait s'installer,

nous avons épongé la scène - le site est en plein air - et nettoyé les 200 sièges baquet qui retenaient l'eau.

Puis nous avons commencé à monter la boite noire et placer la moquette et les éléments de décor.

Il était 16h, le montage était bien avancé quand... le vent s'est levé !

 

Vers 17h, une rafale plus forte que les autres a tout renversé.

Nous avons passé les heures suivantes à remettre debout ce qui était tombé.

Et réparer ce qui avait été cassé, par exemple : la cheminée...

Et avons attendu, fébriles, en nous demandant si nous allions pouvoir jouer le soir.

 

Vers 19h 00, le vent a cessé. Nous avons alors remonté le tout aussi vite que possible.

A 20h 30, les spectateurs se massaient déjà devant l'entrée mais nous n'avions pas encore terminé.

Nous les y avons bloqués le temps d'achever et à 20h 45, nous avons ouvert les portes.

Et, sans prendre de repos, nous avons commencé à l'heure dite c'est-à-dire 21h.

 

Une représentation dépend, bien sûr, de la qualité des comédiens mais aussi de la qualité du public.

Et nous avons eu, ce soir-là, un public que nous pouvons qualifier de "bon public".

C'est-à-dire un public attentif, curieux, réactif, sincère.

Avec une écoute où l'on sent qu'il se passe quelque chose entre la scène et la salle : un régal !

L'une des meilleures représentations que nous ayons connues.

 

Avec des retours sur notre site acotheatre@gmail.com tels que :

"Merci pour cette belle représentation du "Visiteur" donnée hier soir à Uzès.
J'ai enfin pu découvrir cette pièce de Eric-Emmanuel Schmitt !..." JF

ou

"Merci, Monsieur, d'avoir monté cette excellente pièce d'Eric-E Schmitt à Uzès.

La qualité de la mise en scène et du jeu des acteurs nous a enchantés, mes amis et moi-même.
Un tout petit bémol : la surprise au début d'entendre le juif autrichien Sigmund Freud parler avec un accent du midi !

Peu de chose à côté de la réussite de l'ensemble." MB

 

A 22h, démontage et vers minuit, un petit verre et des parts de pizzas pour clore toutes ces émotions.

 

Suivez, ci-après en images, les différentes étapes de cette journée.

(Vous ne verrez pas les photos de la cata, nous avions à ce moment-là d'autres priorités !)

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